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Une pensée archipélique

ÉDOUARD GLISSANT

L'imaginaire des langues. Entretiens avec Lise Gauvin (Gallimard, 2010) : La dernière publication de Glissant aura donc été une nouvelle illustration de sa passion du dialogue : en livrant une nouvelle salve d'esthétique en profondeur, l'écrivain rallie avec hauteur et au gré de la discussion, l'ensemble de ses conceptions (créolisation, Tout-Monde, Relation entre autres) à une éthique de l'altérité dont il s'attache à remonter la généalogie. Cet imaginaire des langues du monde est aussi l'imaginaire des consciences et des identités confrontées les unes aux autres, mais c'est également la voie choisie pour, une dernière fois, dire le sens d'une oeure en en parcourant l'itinéraire, le bilan dynamique.

La terre, le feu, l'eau et les vents. Une anthologie de la poésie du Tout-Monde (Galaade / Institut du Tout-Monde, 2010) : Senghor avait en son temps ressenti le besoin de consigner en une anthologie les traces et les modèles poétiques de la Négritude ; en un ensemble flamboyant, Glissant offre ici plus qu'une défense et illustration du Tout-Monde, mais une réelle mise en Relation de textes qui tous, à leur manière, présente les facettes multiformes de la poésie-monde, ou du monde dessiné en contours poétiques. La diachronie en est la loi, aucun ordonnancement n'en régit le déroulé, à l'exception de cette sensibilité exceptionnelle de l'ouverture qui caractérise l'appréhension de la littérature par Glissant.


  

Philosophie de la Relation. Poésie en étendue (Gallimard, 2009) : Pour avoir placé ce dernier essai majeur sous le signe de l'étendue, Glissant réalise là en effet un ultime élargissement, et d'ailleurs assez imposant, de sa conception du Tout-Monde et de la Relation. Le propos n'est pas simplement récapitulatif (bien que la deuxième partie de l'essai dresse le panorama des aspects de cette pensée en, marche), mais livre en ouverture une étourdissante réflexion sur les origines de la parole poétique, sorte de plongée divinatoire dans les temps d'avant les civilisations instituées. La Relation est désormais étendue dans l'espace mais aussi dans le temps, en quête des fondements de poésie, et des assises de la quête philosophique qui meuvent à la fois l'individu et les communautés. L'ouvrage fait également place à un ton testamentaire, avec un retour sur le lieu primaire de Bezaudin mais aussi de poignantes et surtout très denses réflexions sur la mort et son gouffre irrémédiable. Mais ce qui pourrait se figer en un solennel bilan fournit surtout la matrice d'un nouvel élan vers le monde, en errances et en dérives singulières.

Ecrits de circonstances (Galaade / Institut du Tout-Monde, 2007-2010) : Glissant n'a jamais cessé, d'intervenir dans l'espace public, à propos des combats qui furent les siens. Entre 2007 et 2010, une jeune maison d'édition, Galaade, publie en coédition avec l'Institut du Tout-Monde, sous des formats réduits relevant plus des brochures que des livres, des textes diffusés dans la presse et co-écrits pour la plupart avec Patrick Chamoiseau. Ces textes ont en commun la vivacité de l'engagement face aux problèmes de l'heure, manifestés par l'actualité ; ils attestent de l'acuité, y compris dans les dernières années de l'écrivain, d'une conscience politique  qui jamais ne s'est satisfaite des mouvements en cours, quand il s'est agi de mises en cause de certaines valeurs (Quand les murs tombent. L'identité nationale hors-la-loi ? en octobre 2007 ; Manifeste pour les "produits" de haute nécessité, collectif, mars 2009 ; une conscience, qui a d'autres moments, comme l'élection d'Obama, a salué au contraire des tendances inespérées (L'intraitable beauté du monde. Adresse à Barack Obama, janvier 2009).


  

Les entretiens de Baton Rouge. Avec Alexandre Leupin (Gallimard, 2008) : Datant de la première période américaine, celle de l'Université de Louisiane à Baton Rouge, ces entretiens de 1990 à 1991 avec le médiéviste Alexandre Leupin, où l'on peut encore constater le goût de Glissant pour les joutes et l'exposé vivant de la pensée, portent sur une vision toute originale et personnelle du Moyen Age européen. En étendant sa conception de la créolisation à une période historique donnée, Glissant développe ici une vision du Moyen Age où l'Universel catholique va peu à peu étouffer une diversité très riche et qui tendait à se créoliser, dans les langues et les imaginaires (hérétique ou particulariste). Le motif de l'universel, secondé par l'émergence des Etats-nations, prend le pas sur les diversités. Le va-et-vient est constant au cours du dialogue, entre la prise en compte des conditions médiévales de ce processus, et la situation contemporaine de l'écrivain confronté à l'interpénétration continue des aires du monde, au plurilinguisme et à la nécessaire Relation.

Une nouvelle région du monde - Esthétique I (Gallimard, 2006) : Etonnante capacité de renouvellement de la pensée, comme l'induit ce premier volume d'une "Esthétique" qui plus que jamais appelle la poésie dans le flot de la réflexion : c'est la "poétrie" selon laquelle se déroulent l'actulisation et l'incarnation de cette co-présence des humanités à laquelle postulait le Tout-Monde. Le poète, l’écrivain, l’artiste, n’ont pas pour mission de faire écho à un illusoire éclat du monde, mais plutôt, d’en pénétrer tout l’obscur, ces « profonds » qui avaient déjà été émis dans la pensée de l’auteur. Il s'agit de parcrourir dans leurs milles nuances des « réalités filantes » sans le secours des anciens schèmes explicatifs du réel, dans les aventures de l’étant qui aura pris le pas sur l’Etre omniscient. Plus que jamais, la diversité, « matrice-motrice du chaos-monde » fonde la Relation, contre toutes les désinences de l’Universel et irriguant la dialectique des mémoires plurielles vers une mémoire commune, où les Amériques font modèle pour le monde.


  

La cohée du Lamentin - Poétique V (Gallimard, 2005) : Il aura finalement fallu attendre près de douze ans pour que la Poétique s'enrichisse d'un cinquième volume. De nouvelles perspectives se dessinent dans le sillage du corpus que l'on sait : l'approche du Tout-Monde s'effectue à la faveur de la pensée du tremblement, qui marque la fin des certitudes, l'accueil de l'imprévisible et la dimension éthique de la rencontre. Une éthique qui s'accorde bien avec la circularité du parcours que semble dessiner ce volume de la Poétique : clamant toujours comme on le sait son attachement au lieu premier, la cohée du Lamentin en Martinique, par laquelle la Lézarde s'ouvre comme en un delta, et marque dans l'archipel de lapensée, la présence du monde relié comme un un vaste réseau. C'est la géographie inédite, à la fois de la pensée et d'une perception originale des lieux que donne à voir l'essai, qui réaffirme de façon renouvelée le processus de la créolisation du monde, en accord avec les lieux singuliers et les consciences individuelles. prenant acte du processus, ce nouveau pan de l'ouverture consacre l'interconnexion des lieux, dans un espace démultiplié et en intime co-présence.

Traité du Tout-Monde - Poétique IV (Gallimard, 1997) : Parallèlement au roman Tout-Monde, Glissant publie la même année, en une sorte de pendant philosophique, le Traité du Tout-Monde. Mais pour qui a emprunté les chemins broussailleux et baroques du roman, savent l' "emmêlement" de toute chose qui en motive le déroulé vertigineux, et savent aussi que nul genre n'y est étanche, et prépare toujours l'intrusion d'un nouveau registre. L'essai, dans cet ordre d'idée, serait à concevoir dans la continuité du roman, et on ne s'étonnera donc pas d'y trouver la signature de Mathieu Béluse, rival en quelque façon de l'auteur, et à qui il est fait réponse au sein même de l'essai : personnage romanesque et exposé conceptuel se confondent ou se complètent, pour qui consent à se couler dans le flot même de l'ouvrage. Il ne s'agit plus de démontrer, mais de montrer les concepts en interraction - encore la Relation et la créolisation, bien sûr, mais aussi leurs incarnations en tant de lieux et d'êtres, porteurs de cette "démesure" du monde que reflète l'essai. Le Tout-Monde, finalement, est la somme de cette interraction des notions et de ces incarnations du Divers, en processus perpétuel d'ouverture.

Introduction à une poétique du Divers (Gallimard, 1996) : Cet essai présente un avantage considérable. Il est en effet issu de quatre conférences prononcées par Glissant lors de colloques et de rencontres universitaires, il induit par conséquent une clarté et même un effort "pédagogique" quant à l'exposé des thèses que l'on sait amenées avec une magistrale subtilité et parfois une certaine complexité dans les essais phares, parts ou non de la Poétique. Il peut être ce faisant commode de s'y référer pour une démonstration didactique à propos des notions de créolisation, d'identité rhizome et de Relation et ce, sans pour autant constituer un digest, car il s'agit aussi de nouvelles variations à partir du modèle constitutif du Divers, très ouvertement segalenien. Le genre du dialogue fut par ailleurs très prisé par Glissant, qui y vit l'occasion d'un mouvement efficace dans l'exposé de la pensée - et deux dialogues très éclairants sur les langues et le lien de l'écrivain à son lieu, avec Lise Gauvin concluent cet essai-point de repère.

Faulkner, Mississippi (Stock, 1996) : Symbole peut-être de la période américaine de Glissant, cet essai de critique littéraire permet au Professeur à l'Université de Louisianne, de livrer ses analyses poussées et parfois ses intuitions à propos de l'un des écrivains essentiels de son panthon personnel, William Faulkner. Le plus éminent représentant de la littérature du Deep South américain, Faulkner, avait déjà été abordé au cours des essais précédents (L'intention poétique par exemple) mais il est ici l'objet d'une thèse inédite : toute l'oeuvre de l'écrivain américain contient en creux un non-dit ontologique, celui du crime esclavagiste, d'où l'essentialisation des Noirs dont relèvent sa représentation de certains personnages. L'étude s'appuie sur l'ensemble des romans de Faulkner, et surtout sur Absalon, Absalon ! Cette vision permet à Glissant, au-delà même du cas de Faulkner, de développer son idée de l'esthétique du diffèrement qui essaimera à l'avenir, on peut en être sûr, dans les études littéraires.

Poétique de la Relation - Poétique III (Gallimard, 1990) : C'est certainement le tournant de la réflexion de Glissant qui se joue dans ce troisième volume de la Poétique. L'oeuvre entière sera désormais accordée à cette place déterminante dans l'ensemble notionnel, de la Relation, comprise à la fois comme processus et idéal des liens tissés entre identités, véritable acception du creuset à reconnaître dans la quête réciproque, la rencontre finalement, des cultures entre elles. C'est elle qui détermine la nécessaire mutation des humanités, des cultures ataviques aux cultures composites, de l'identité racine à l'identité rhizome. On peut le dire, l'armature philosophique des développements à venir de la pensée de Glissant est édifiée dans cet essai qui permet donc de cerner les contours et variations à venir. Tout se passe comme si la quête identitaire était désormais achevée, et que tout se jouait dorénavant sur le terrain de l'ouverture maximale. Cette Relation fonde donc dans le domaine de la culture antillaise, le concept de créolisation comme pivot mobile et dynamique (plutôt que le donné de la créolité), essaimant pour l'évolution mondiale, en un modèle possible du contact des cultures.

Le Discours antillais (Seuil, 1981) : En 1981, cet imposant essai, composé en partie à partir d'écrits antérieurs, mais solidement structuré par de nouveaux aspects de réflexion, fit office de thèse d'Etat pour celui qui venait prendre ses nouvelles fonctions auprès de l'UNESCO. Le projet du Discours antillais porte tout entier autour d'une restitution aux Antillais de leur histoire propre, de leur culture (langue, littérature) et de leur destin collectif, à partir du constat implacable des ravages de l'aliénation, en termes y compris psychiatriques (on retrouve ici le rôle de Fanon). Dans l'évolution de la pensée de Glissant, l'ouvrage qui emprunte beaucoup à l'analyse sociologique, représente une étape qui sera en partie dépassée par la suite, notamment quant à l'adoption temporaire du concept d' "antillanité", abandonné (et parfois même récusé) plus tard. Concept unificateur de la culture antillaise, mais qui ne résistera pas dans les années ultérieures, à la prééminence dans la réflexion de l'écrivain, de l'idée plus ouverte encore de créolisation et l'exploration de cette véritable clé d'une pensée, à savoir la Relation (le livre II de l'ouvrage anticipe d'ailleurs, avec le titre de "Poétique de la Relation").

L'intention poétique - Poétique II (Seuil, 1969) : Le "programme" d'une très originale  vision du monde se déploie désormais par étapes successives. Celle de L'intention poétique relève de la contestation frontale d'une conception omnipotente de l'Universel. Parcourant et fustigeant dans l'Histoire coloniale et la littérature en général cette tension vers l' "Un", Glissant revendique la visée d'une poétique du Divers (où Segalen tient sa part majeure) qui ne recherche plus à imposer une vision unifiée du monde, mais qui ne soit plus qu'accueil de son irréductible pluralité. Les ferments de la "Relation", qui sera plus tard clamée, mais aussi, une reformulation des missions et des modalités du langage, face à cette exploration critique des soubassements de la création littéraire (avec des développements herméneutiques très poussés, à propos par exemple de Saint-John Perse ou Faulkner). La réflexion sur les champs de questionnement propres à la littérature, sur ses modèles d'accomplissement aussi, sont dans cet ouvrage très dense à la langue si exigeante, indissociables de tout avancement du corpus notionnel de Glissant.

Soleil de la conscience - Poétique I (Seuil, 1956) : Le premier essai de Glissant démontre d'emblée la maîtrise d'une forme originale par laquelle le tout jeune écrivain a choisi de dire l'émergence mais aussi l'indépendance de sa voix : en un savant mélange de courts textes et de quelques pans de poésie, une conscience en effet émerge, dans la solitude de Paris, "enfer sans saisons" où se faire une place n'est pas chose aisée. C'est là, dans cette ville d'adoption du jeune Martiniquais, qu'il réfléchit à la situation coloniale et à l'Histoire des Antilles, posant les jalons d'une quête identitaire et d'une ouverture qui fondent le travail littéraire qui s'amorce dans l'immédiat après-guerre au gré des revues et des premièeres publications. Comme Senghor et Césaire quelques années auparavant, c'est dans cette situation d'exil parisien que se forge l'expression d'une conscience et d'un langage, se formulant d'abord à eus-mêmes puis se projetant vers le monde. Les pôles essentiels de cette formulation (le moi et le monde) sont déjà présents dans cette véritable fondation, qui sera nommée premier volume d'une Poétique que l'on sait maintenant si vaste.

L'une des nombreuses représentations du tourbillon par Glissant. Ici, sur le manuscrit de Malemort.

Le maelstrom des concepts


La figure du tourbillon, que l'écrivain affectionnait tout particulièrement, est très adéquate pour qualifier le déploiement vertigineux des concepts qui caractérise les essais de Glissant, au point qu'on peut être tenté d'y voir une indistinction quand, au contraire, cet ensemble en effet très vaste désigne une précision de la pensée dont l'ampleur même n'empêche pas la minutie. Cette pensée détient d'ailleurs son évolution propre, qu'il est du reste assez aisé de concevoir avant et après Poétique de la Relation en quelque façon, que l'on pourrait considérer comme un repère sûr qui marque, avec le début des années quatre-vingt dix (l'essai date justement de 1990), un infléchissement notable à la faveur duquel le cadre et la thématique de la réflexion s'élargissent de la sphère d'une reformulation des paradigmes de l'identitié et d'une critique originale des schèmes coloniaux, aux territoires vastes des nouvelles données de l'interculuralité que l'écrivain va s'efforcer d'explorer dans leurs aspects les plus ultimes et en articulant une vision tout à fait inédite. De part et d'autre de ces années quatre-vingt dix, les continuités ne manquent pas, motivant la recherche passionnée de la Relation harmonieuse entre une identité ouverte et une mondialité irriguée du Divers.


Nous revenons au sein du site sur plusieurs notions développées dans les essais. On trouvera dans les notices qui suivent la présentation chronologique de l'évolution de la pensée du poète-philosophe.




       - NOTICES -

  

Un anti-maître à penser


Bien qu'ayant émergé dans le vie intellectuelle française à l'époque où dominaient les hautes figures de Sartre, Camus et bien d'autres chantres de l'engagement, rien n'est plus éloigné de l'intention de Glissant que le positionnement du "maître à penser", ou même du chef de file, ou du créateur d'école. S'il a essaimé bien au-delà de la Caraïbe, et que son oeuvre est promise à une fortune indéniable, l'influence intellectuelle qu'il a pu exercer n'a jamais fait l'objet chez lui d'un calcul d'influence, lui qui récusait tant les enfermements idéologiques propres aux "pensées de systèmes" de toutes sortes. Dans le roman Tout-Monde, on trouve en creux cette définition de Glissant par lui-même : "Un poète [...] à tout-va, un déparleur en inspiré, qui ne se croit pas mission ni vocation". C'est dire son refus, son rejet même, de toute position surplombante. Reste l'autorité des écrits en eux-mêmes, porteurs d'une pensée foisonnante et si féconde.

  

Solitaire et solidaire


Un èthos ne cesse de clamer sa double vocation tout au long de cette oeuvre de réflexion et c'est celui, on l'aura compris, d'un écrivain profondément engagé, qui ne conçoit du reste la littérature que consubstantiellement liée à la confrontation aux problèmes de l'identité, de l'ouverture, de la diversité, de la colonisation bien sûr, du sort des humanités au temps de la modernité mondialisée. Pour autant, peut-on réellement parler dans son cas, d'une "littérature engagée" ? Certainement pas au sens premier du terme : la littérature n'est pas chez lui "mise au service" d'un engagement intellectuel mais dans son autonomie esthétique même, drâine un regard sur le monde. Edouard Glissant a su mener cette oeuvre imposante dans la conception qu'il eut constamment de la solitude du poète (qui ne relève pas en l'occurrence d'une figure conventionnelle), accordée au destin de la collectivité - du reste toujours plus large, puisqu'elle s'étendait finalement à la totalité-monde. "Solitaire et solidaire", aimait-il à dire, après Hugo ; on retrouve trace de cette double instance qui anime la pensée dès ses prémisses, dans Soleil de la conscience où les développements autobiographiques accompagnent l'expression d'une pensée déjà toute armée, jusqu'à Philosophie de la relation où, poussant  le regard sur soi à des accents proprement testamentaires, une vision du monde si riche parachève son propre élargissement et touche à la quintessence de son dessein initial, celui de la Relation. Créateur de concepts et de formes au milieu des foules de Fort-de-France, de Paris, de New York et d'ailleurs, Glissant parvint à garder équilibre dans l'émission de cette double voix éminemment personnelle et infiniment éprise de collectif.

On a souvent dit de l'œuvre de Glissant qu'elle s'articulait pour l'essentiel autour d'un corpus notionnel très dense, développé dans ses nombreux essais, matrices d'une pensée en constant renouvellement. Il ne s'agit pas en tout cas de subordonner son œuvre fictionnelle, poétique et théâtrale à ces écrits théoriques, quand chez lui l'intégralité des écrits constitue un tout qui se déploie en spirales savamment agencées au fil des années et de l'accumulation des essais : concepts purs et genres littéraires mêlés, la pensée de Glissant s'ouvre comme une suite de propositions qui appelle l'incarnation, et où s'entrecroisent philosophie, anthropologie, sociologie, politique. Les foisonnants rhizomes de la pensée non-figée et d'une conception du monde caractérisée par son ampleur.









  

Essais : une pensée en marche

  

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