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Interrogé par Laure Adler en 2004, le poète explique pourquoi à la notion d'Universel,

il préfère celle de Relation ("L'invitation au voyage", 22 novembre 2004)

VIDEO : Édouard Glissant définit la "Relation"

Une pensée archipélique

ÉDOUARD GLISSANT

Traité du Tout-Monde


C’est certes un privilège de fréquenter directement le Sacré, de parler à son Dieu, de se voir confier ses desseins. Il en provient quetoute communauté ou culture qui ainsi engendra une Genèse entendit bien en tirer leçon pour tous. Par une succession absolumentlégitime (qu’on ne peut remettre en question) de filiations, elle se raccorde à ce jour premier de la Création, et elle affirme parconséquent son Droit sur la terre qu’elle occupe, qui devient son territoire. La filiation et la légitimité sont les deux mamelles de cettesorte de Droit divin de propriété, pour ce qui est en tout cas des cultures européennes.

Ataviques aussi les cultures des pays arabes, des pays d’Afrique noire et des pays amérindiens. Avec cependant toutes sortes denuances dans l’approche du divin, dans les modes imaginés de la Création, et par conséquent dans les prétentions sur la terre occupée. La mise en contact de ces cultures ataviques dans les espaces de la colonisation a donné naissance par endroits à des cultures etsociétés composites, qui n’ont pas généré de Genèse (adoptant les Mythes de Création venus d’ailleurs), et cela pour la raison que leurorigine ne se perd pas dans la nuit, qu’elle est évidemment d’ordre historique et non mythique. La Genèse des sociétés créoles desAmériques se fond à une autre obscurité, celle du ventre du bateau négrier. C’est ce que j’appelle une digenèse.

Acclimatez l’idée de digenèse, habituez-vous à son exemple, vous quitterez l’impénétrable exigence de l’unicité excluante. 



  


Filiation et légitimité ont tissé la toile de la durée. Elles ont garanti qu’aucun discontinu ne viendrait rompre la certitude ni corrompre la croyance. Elles ont établi le droit sur le territoire. Ce qui faisait tragédie, c’étaient les moments où elles se trouvaient menacées, de l’intérieur ou de l’extérieur, par les fautes de leurs tenants ou par les entreprises des usurpateurs. Les poèmes épiques et les chants tragiques content cela. Mais comment faire désormais ? Le territoire de la puissance est invisible et ne tient à aucune relation particulière avec une terre, un sol, un foyer. Vous pouvez conquérir un lieu sans l’occuper. C’est ce qu’on appelle un marché. Les filles sont à Bamako quand les mères sont à Rio. Les pères conseillent leurs enfants par courrier email. La terre de la communauté est un comble d’errance, où parfois on emporte sa maison avec soi, comme un wagon. La plupart s’obstinent pourtant à cette légitimité dont ils supputent qu’elle assure encore leur privilège. On peut supposer par exemple que l’une des carences des systèmes démocratiques provient de ce que tout élu, fort de sa légitimité acquise, verse comme par un entraînement fatal dans l’arrogance et la suffisance, ne pouvant concevoir que la légitimité puisse être temporaire. Des Etats, des religions, des doctrines, des nations, des tribus, des clans et des familles bâtissent leur irréductible entourement sur une telle certitude.

Une lectrice m’écrit qu’elle n’a pas eu en main mon ouvrage sur Faulkner et son comté de Yoknapatawpha mais qu’elle s’étonne que je me sois intéressé à ce petit coin borné du Mississippi, ou quelque chose d’approchant. L’œuvre n’a nul besoin d’être défendus et je serais ridicule de m’y mettre. Répondre pourtant que William Faulkner, à questionner la légitimité de ce lieu enfermé, à en montrer les perversions de filiation, a ouvert le lieu à la dimension du monde.


  

ARCHIPEL

Toute œuvre forte de réflexion contient toujours son point focal, et on pourrait dire que pour celle de Glissant, la notion de Relation est certainement de cet ordre, en occupant dans sa pensée une place essentielle, à tel point qu’on pourrait à juste la titre considérer comme la « clé » de cet univers conceptuel si foisonnant et original. Glissant en parlait souvent comme étant "la somme finie de toutes les différences du monde", et cette modalité idéale de la rencontre occupera à partir des années quatre-vingt dix dans la réflexion de l'écrivain (Poétique de la Relation date de 1990) une position de pivot, conférant sa vraie dimension à l'élargissement inouï que prend dès lors sa vision du monde. Définie assez tôt dans l’œuvre, la notion a été bien éclairée et problématisée tout particulièrement dans le Traité du Tout-Monde.

  

RELATION                                            

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ÉDOUARD

GLISSANT


  

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© Edouard Glissant - Une pensée archipélique. Site officiel

d'Edouard Glissant conçu, écrit et réalisé par Loïc Céry