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Interrogé par Laure Adler, Glissant parle de la pensée du tremblement, lors de la publication d'Une nouvelle région du monde (Tropismes, France O, 2007)

VIDEO : La pensée du tremblement contre les pensées de système

Une pensée archipélique

ÉDOUARD GLISSANT

La pensée du tremblement éclate partout, avec les musiques et les formes suggérées par les peuples. Elle nous préserve des pensées de système et des systèmes de pensée. Elle ne suppose pas la peur ou l’irrésolu, elle s’étend infiniment comme un oiseau innumérable, les ailes semées du sel noir de la terre. Elle nous unit dans l’absolue diversité, en un tourbillon de rencontre. Elle est l’Utopie qui jamais ne se fixe et qui ouvre demain : comme un soleil ou un fruit partagés.

 


  

La pensée du tremblement


Elle ne répond ni à la peur, ni au doute, ni à l’incertitude.

Elle résiste aux raidissements des pensées de système et aux emportements des systèmes de pensée.

Elle maintient tout système dans ses formes méthodologiques et le garde de verser dans des absolus.

Elle ouvre l’identité sur le rapport à l’Autre et sur le change qui provient alors de l’échange, sans que cette identité en soit perturbée ni dénaturée.

Elle est la pensée sismique du monde qui tremble en nous et autour de nous.

Elle en revient à ce passage, à ce suspens du jugement, et peut-être de l’Etre, que Montaigne a si génialement prétendus, comme à la fréquentation, non à la possession, de la terre, proposée par les pensées amérindiennes, comme à la fonction tellurique de la lignée des ancêtres, jamais close ni excluante, chantée par les peuples de l’Afrique des Griots. Les catastrophes frappent le monde, l’espoir vient aussi de partout. » (pages 128-129)

« La pensée archipélique est une pensée du tremblement, qui ne s’élance pas d’une seule et impétueuse volée dans une seule et impérieuse direction, elle éclate sur tous les horizons, dans tous les sens, ce qui est l’argument topique du tremblement. Elle distrait et dérive les impositions des pensées de système.

Le Monde tremble, se créolise, c’est-à-dire se multiplie, mêlant ses forêts et ses mers, ses déserts et ses banquises, tous menacés, changeant et échangeant ses coutumes et ses cultures et ce qu’hier encore il appelait ses identités, pour une grande part massacrées. La pensée archipélique tremble de ce tremblement, bouleversée de ces crises géologiques, traversée de ces séismes humains, elle repose pourtant auprès des rivières qui enfin s’apaisent et des lunes qui languides s’attardent. Mais elle n’est pas, cette pensée, un seul emportement indistinct, ni une plongée sourde aux profondeurs, elle chemine selon des réseaux qui s’attirent et qui n’abandonnent aucun donné du monde loin du monde. Elle ouvre sur ce que Montaigne appelait « la forme entière de l’humaine condition », la forme, non pas l’Un, ni une essence, mais une Relation dans une Totalité.

Le tremblement est la qualité même de ce qui s’oppose à la brutale univoque raide pensée du moi hormis l’autre. Aurons-nous la hardiesse de rapprocher ces limailles, sans trop attendre de la compassion n’est souveraine que quand elle exige résolument et continûment la justice, la loi n’est juste que quand elle s’inspire sans limites de la pensée du Tout.

Traité du Tout-Monde


« C’est certes un privilège de fréquenter directement le Sacré, de parler à son Dieu, de se voir confier ses desseins. Il en provient que toute communauté ou culture qui ainsi engendra une Genèse entendit bien en tirer leçon pour tous. Par une succession absolument légitime (qu’on ne peut remettre en question) de filiations, elle se raccorde à ce jour premier de la Création, et elle affirme par conséquent son Droit sur la terre qu’elle occupe, qui devient son territoire. La filiation et la légitimité sont les deux mamelles de cette sorte de Droit divin de propriété, pour ce qui est en tout cas des cultures européennes.

Ataviques aussi les cultures des pays arabes, des pays d’Afrique noire et des pays amérindiens. Avec cependant toutes sortes de nuances dans l’approche du divin, dans les modes imaginés de la Création, et par conséquent dans les prétentions sur la terre occupée.

La mise en contact de ces cultures ataviques dans les espaces de la colonisation a donné naissance par endroits à des cultures et sociétés composites, qui n’ont pas généré de Genèse (adoptant les Mythes de Création venus d’ailleurs), et cela pour la raison que leur origine ne se perd pas dans la nuit, qu’elle est évidemment d’ordre historique et non mythique. La Genèse des sociétés créoles des Amériques se fond à une autre obscurité, celle du ventre du bateau négrier. C’est ce que j’appelle une digenèse.

Acclimatez l’idée de digenèse, habituez-vous à son exemple, vous quitterez l’impénétrable exigence de l’unicité excluante. »



  

Glissant explique sa notion de la digenèse, au micro de François Noudelmann (Les Vendredis de la philosophie, France Culture, 2003).

ARCHIPEL

Contre les pensées de système, tous les dogmatismes et le règne des idéologies, Glissant oppose la pensée archipélique, qui se décline selon le protocole d’un tremblement qu’il faut comprendre dans une double dimension : à la fois par nature, cette pensée ne vise pas la constitution de grilles de lecture préconçues du réel, mais s’adapte à une perception fine et tremblée du monde dans ses changements mêmes ; dans un champ éthique, le tremblement conserve dans l’appréhension de l’Autre, une nécessaire émotion, le ressenti d’une humilité vécue dans la découverte et l’accueil. Glissant a développé l’idée à de nombreuses reprises lors d’interventions publiques, et a su nous en livrer une substantifique moelle dans La Cohée du Lamentin, dernier volume de sa Poétique. C’est à n’en pas douter le moment fort de la plus récente floraison d’une pensée de l’ouverture et de la lucidité : vivre l’ouverture au tout-monde, au risque du tremblement.



  

PENSÉE DU TREMBLEMENT                                            

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Une pensée

archipélique

ÉDOUARD

GLISSANT


  

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